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Au Maroc, la société Chronopost victime de détournements de fonds à grande échelle

L’affaire est digne d’un polar. De 2017 à 2021, la société Chronopost International Maroc a vu ses comptes bancaires se vider de plus de 5 millions d’euros, selon une estimation provisoire. Révélée le 8 novembre par le site d’informations Le Desk, cette escroquerie à grande échelle se double d’un mode opératoire qui n’a rien à envier à celui des gangs mafieux. A la fraude comptable, aux fausses signatures, aux virements et retraits en espèces maquillés s’ajoutent le chantage, des filatures, des menaces de mort et même une tentative d’assassinat.
Signe que cette opération de détournement de fonds est d’une nature particulière, l’enquête est passée des mains de la police judiciaire de Casablanca à celles de la brigade nationale spécialisée dans les crimes financiers d’ampleur, le grand banditisme et le terrorisme. Les faits incriminés, s’ils ont eu lieu au Maroc, ont des répercussions jusqu’en France. L’un des deux propriétaires de l’entreprise de livraison de colis n’est autre que La Poste, à travers sa filiale Geopost. Celle-ci, tout comme le second actionnaire, l’opérateur postal marocain Barid Al-Maghrib, se sont constitués partie civile.
Le montant des fonds détournés est qualifié d’« exceptionnellement élevé » par une source proche de l’enquête. Mais aussi démesurée et atypique soit-elle, l’affaire ne doit sa médiatisation qu’à un homme : l’ancien directeur général de Chronopost, Abderrahim El Idrissi. Soupçonné d’être l’un des auteurs des malversations, celui qui est désormais qualifié de « lanceur d’alerte » a été démis de ses fonctions en 2021, puis condamné en avril dernier à un an de prison pour négligence grave. En liberté après avoir été détenu pendant vingt-six mois, de 2022 à 2024, l’homme se dit innocent.
Les charges de détournement de fonds n’ayant pas été retenues contre Abderrahim El Idrissi, les conseils de la partie civile, qui réclamaient vingt ans de prison et la restitution des sommes détournées, ont fait appel du jugement. Contactée par Le Monde, La Poste « ne souhaite pas commenter une affaire en cours d’instruction ». Quant au groupe Barid Al-Maghrib, il n’a pu être joint dans l’immédiat.
Cité par Le Desk, Abderrahim El Idrissi décrit cette fraude hors norme comme l’intrusion de la « criminalité dure » dans le monde de l’entreprise au Maroc. Bien que leurs premières traces remontent à 2017, les détournements sont au départ limités : 100 000 euros environ jusqu’en 2019. Ce n’est que l’année suivante qu’ils prennent de l’ampleur, alors que le directeur financier de la société subit un harcèlement et sera même blessé à l’arme blanche, en pleine rue, par des inconnus en décembre 2019. La cabale atteint son but : le terroriser et obtenir son départ. A la manœuvre : trois employés de Chronopost, dont l’un, jusqu’à présent comptable, lui succède. Les deux autres sont le trésorier et un agent de distribution.
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